Le chemin

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Je suis paresseux

 

« Pour vivre j’ai un emploi stable, mal rétribué, qui me laisse peu de loisirs. Je fais des écritures. Je suis paresseux et je pratique la paresse avec une application studieuse. L’important n’est pas de dormir mais de bien savoir que l’on dort. Le travail m’émeut en ce qu’il conduit à un repos plus étonnant que ne le ferait l’inaction. Ce ne sont pas le nombre des heures vides qui m’intéresse ni leur vanité même, plutôt je ne sais quelle qualité attentive. »

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André Dhôtel, La Littérature et le hasard, Fata Morgana, 2015, p. 34.

 

En effet, André Dhôtel est un bon professeur de sagesse, l’important n’est pas d’être paresseux, mais bien de l’être avec application. Cette voie exige la plus grande rigueur. Un instant d’inattention, et le chemin est perdu. On retombe dans le temps perdu.

Le chemin de sagesse est le chemin de paresse.

André Dhôtel écrivait au lit.

Une fraîcheur sans nom

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« Cette jeunesse (car c’était la jeunesse) se maintient étrangement intacte dans ces bourgs où rien ne la contrôle. J’entends bien : ce sont des velléités, mais ce terme est mal choisi, car il fait justement partie de ce vocabulaire de l’indifférence où tout se cache. Il s’agissait bien d’une sorte d’attente, amis dont la vigilance extrême se fissure un jour, je l’ai dit, parce que certains d’entre nous ont couru pour cela au devant de la mort, parce que d’autres trouvèrent de singulières combines pour satisfaire leurs élans personnels. »

André Dhôtel, La Littérature et le hasard, Fata Morgana, 2015, p. 34.

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Je voudrais me souvenir du nom de ce camarade de lycée que je rencontrai dans la rue de la République, quand je sortais, comme un voleur, de la librairie de Charleville où je venais d’acquérir Fureur et Mystère de René Char, en Poésie/Gallimard (achevé d’imprimer du 6 janvier 1967, ce qui donne une indication bien approximative sur la date de l’événement). Il fut un peu indiscret et regarda dans la pochette. Je rougis en avouant que c’était de la poésie… Et lui rougit encore plus fort en me confessant que lui ne lisait que Victor Hugo, en ce moment c’était Notre Dame de Paris. Avant de nous séparer, il me confia qu’il passait ses dimanches sur le toit de sa maison de village, dans un bourg perdu des Ardennes.

Je me dis que mon camarade, dont je regrette qu’il ne soit pas devenu mon ami, était sans doute un personnage de Dhôtel, perdu dans une attente infinie de la merveille…

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Cette graine insignifiante

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On ne peut guère écrire sans avoir aimé à la folie une route, ce pré suspendu, cet être vivant, ami ou amie, ou bien l’oiseau, la neige, la fleur élue pour des années.

Qu’est-ce que cela signifie : aimer? Cette fleur.. Cette achillée dont le rose est à la fois couleur éteinte et éblouissante (comment est-ce possible?). Et puis quel rapport avec le cri de l’oiseau de proie, avec les canaux rêveurs, un appel parfois tragique? Bientôt en effet il y a mille autres présences qui se croisent et que traverses toujours forcément cette autre parole sans prix, insaisissable et tout à fait évidente.

Au vrai, ce qu’on aime c’est cet événement nouveau qui passe dans les plus claires notations. La voix se divise et nous en demeurons toujours étonnés. Nous avons dit ceci et cela. Ça sonne d’une certaine façon, et tout d’un coup un chant inattendu renaît. Un souffle (réel sans aucun doute) emporte notre phrase abandonnée comme le parachute d’une graine et nous emporte en même temps comme la graine elle-même. Cette graine insignifiante… En tout cas si merveilleusement perdue dans un voyage désiré que l’impossible serait déjà présent.

André Dhôtel, « Rhétorique fabuleuse »,  Nouvelle Revue Française, n° 214, octobre 1970, repris dans le Cahier André Dhôtel n° 13, La Route inconnue, association des amis d’André Dhôtel, 2015.

Marie Alloy, peintre, graveur, éditeur

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© France 3 / Culturebox

Marie Alloy expose jusqu’au mois de mars une douzaine de peintures récentes dans les vitrines du musée d’Orléans, des gravures et des livres d’artiste au cabinet d’art graphique du même musée, et des peintures au 17 rue de la Lionne à Orléans. L’occasion de découvrir la riche production de ces dernières années. Un reportage a été consacré à ces expositions par France 3.

L’emblème de la Caritée

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« Il est remarqué dans la Vie de S. Louis, écrite par Mr. Joinville, que S. Louis étant allé dans la Terre Sainte, ils trouvèrent dans la Ville d’Acre une femme qui tenant un flambeau dans une main, et une cruche d’eau dans l’autre, allait par la ville de cette sorte. Un bon Ecclésiastique qui la vit, lui demanda ce qu’elle voulait faire de cette eau et de ce feu ? C’est, dit-elle, pour brûler le Paradis et éteindre l’Enfer, afin qu’il n’y ait jamais plus ni Paradis ni Enfer. Et le Religieux lui demandant pourquoi elle disait ces paroles, elle répondit : Parce que je ne veux plus qu’aucun fasse jamais de bien en ce monde pour en avoir le Paradis pour récompense : ni aussi qu’on ne se garde plus de pécher par la crainte de l’Enfer, mais bien le doit-on faire pour l’entier et parfait amour que nous devons avoir à notre Dieu Créateur, qui est le bien souverain, etc. » Mme Guyon, Discours chrétiens et spirituels sur divers sujets, Cologne, 1716, t. II, p. 313, cité par Jacques Le Brun, Le Pur Amour de Platon à Lacan, Seuil, 2002, p. 107.

L’emblème de la Caritée