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Quand j’ai pensé à vous écrire cette lettre, je ne savais pas si vous étiez vivant ou mort. Et puis j’ai appris votre mort. Elle était prévisible, annoncée par la délicatesse de votre dernier livre, et surtout de son titre : Dernier dernier nuage. Vous aviez le génie des titres. Un autre ici m’éclaire : Dieu protège les roses ! Les deux livres sont dans un coffre-fort qu’il y a dans la banque des nuages. Je vous ai lu dix fois, ça ne s’éclairait pas, et puis tout d’un coup le soleil a explosé en silence sous mes yeux. J’ai tout compris. Est-ce que «comprendre » est le mot ? Je n’en suis pas sûr. Disons que tout d’un coup je suis rentré dans votre cœur.
Christian Bobin, Le Monde des religions, juillet 2013.
Jean-Michel Frank est né en 1922 et mort en 1988. Ses poèmes ont été publiés par Gallimard et Obsidiane, deux livres ont paru aux éditions Grasset.
« Jean-Michel Frank (1922-1988) aura donné neuf livres de son vivant, plus un posthume. C’est Jean Paulhan qui l’avait découvert, publiant son premier ouvrage dans la fameuse collection « Métamorphoses », en 1960. Le prix Max Jacob lui échoit en 1981, comme par mégarde car c’est un auteur ignoré de la critique, bien que ses poèmes, d’une extrême délicatesse et teintés d’humour subtil, soient tenus en grande estime par Yves Bonnefoy, Lorand Gaspar, Jean Grosjean ou encore Philippe Jaccottet. » (Présentation de l’anthologie parue chez Obsidiane)
Les éditions Obsidiane, fidèles à sa poésie, ont publié en 2018 une anthologie, avec une postface de Philippe Jaccottet.
Cette poésie est d’une extrême délicatesse, c’est sans doute la raison pour laquelle la critique l’a ignorée, dans notre époque de vacarme publicitaire.
Philippe Jaccottet a présenté plusieurs de ses poèmes dans son anthologie de poésie française contemporaine publiée par La Dogana.