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« Leopardi, Zibaldone, 1537. « Les odeurs sont comme une image des plaisirs humains. Une odeur délectable laisse toujours un certain désir, supérieur peut-être à toute sensation. Je veux dire que l’odorat n’en reste jamais satisfait, fût-ce médiocrement – et bien souvent il nous arrive de respirer avec force comme pour nous rassasier et rendre complet le plaisir, sans y parvenir jamais. De même, les odeurs sont une image des espérances. » (trad. Michel Orcel.)
Boire cette eau de la femme, objet de notre désir infini, cela ne peut se satisfaire – fugacement- que dans l’odeur. L’odeur, d’une certaine façon, est un liquide, elle nous pénètre, nous n’avons pas y mordre de quelque façon que ce soit. Devant l’odeur, être lion ne nous sert guère : qui mordra dans l’odeur? Et qui donc pourra rugir devant elle « d’un prétendu triomphe » (Jaccottet)?
« Odor di femmina ». L’odeur est femme, la femme est odeur.
Boire cette eau intarissable de la femme, même si elle fait peur, comme toute eau. Elle fait peur parce qu’elle entraîne irrésistiblement, et qu’il est fort possible qu’on n’en revienne jamais. »
La Fin de l’attente, éditions Le Temps qu’il fait.