Fille du chemin

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Fille du chemin

Fille du chemin, Le Silence qui roule éditeur

Présentation de l’éditeur

Ce livre singulier de Jean Pierre Vidal est composé de sept récits et se termine par un envoi en forme de poème; récits de rêves exacts où frissonne l’amour inaccompli mais où «n’être rien n’est pas vaine aventure ».

À chaque lecteur d’en faire son miel ou son chemin, chacun ayant sans nul doute déjà connu ces lieux de la rencontre sans hier et sans demain mais porteurs d’une émotion réelle dans ce présent silencieux qui ne rapproche ni ne sépare.

4ème de couverture:

Se repaître du monde, nous n’avons rien d’autre à faire, dans la veille et dans le sommeil, et puissions-nous le faire dans la bienheureuse proximité d’un autre mortel plutôt que dans l’isolement amer ou dans les diverses manducations appelées par les hommes amours, noces, sentiments humains.

J. P.V.

 

DU MÊME AUTEUR

Philippe Jaccottet, Payot, Lausanne

Feu d’épines, Le Temps qu’il fait

La fin de l’attente, Le Temps qu’il fait

Vie sans origine, Les Pas perdus

Passage des embellies, Arfuyen

Exercice de l’adieu, Le Silence qui roule

Le vent la couleur, Le Silence qui roule

 

LIVRES D’ARTISTE accompagnés d’estampes de Marie Alloy,

Editions Le Silence qui roule

Du corps à la ligne comme un chemin de morsures

Thanks

Gravier du songe

Le Jardin aux trois secrets

Aller sans retour

Commande à votre libraire ou à l’éditeur : https://www.lesilencequiroule.com/

 

En 2012 à Aix-en-Provence

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En 2012 Alain Paire exposait dans sa galerie d’Aix-en-Provence des oeuvres d’Anne-Marie Jaccottet, Claude Garache et Alexandre Hollan. Un heureux souvenir…

Le principe de cette exposition est le plus simple et le plus limpide : l’amitié. Amitié entre la poésie et la peinture. Amitié entre un poète et ses compagnons peintres. A commencer par la plus proche dans la vie.

La simplicité et l’authenticité du lieu correspondent parfaitement à cet esprit. Sur les cimaises, une constellation de dessins et peintures témoignent des liens profonds qu’entretient l’œuvre poétique de Jaccottet avec les paysages, natures mortes et diverses figures du monde, saisis par la sensibilité fine des quelques amis fidèles. Il s’est agi, à chaque fois, de dire la singularité d’un lieu, d’un arbre, d’un fruit, la fragilité de leur lumière et la poésie de l’instant, rendu à la durée de l’œuvre.

En entrant nous sommes immédiatement requis par un ensemble très heureusement construit d’aquarelles récentes d’Anne-Marie Jaccottet. Leur éclat, leur fraîcheur, leur spontanéité méditée, l’accord entre le gris léger du trait et les taches harmonieuses des rouges, oranges, verts, bruns violets, de quelques fruits, la transparence d’une coupe, l’air entre des branches à peine esquissées, tout cela émeut, vibre à l’unisson, ou presque tremble dans la blancheur du papier. Juste à droite, sur un autre mur, comme en écho aux aquarelles d’Anne-Marie, le rouge vif d’une lithographie de Claude Garache fait résonner le poème de Jaccottet et c’est une autre vibration qui s’instaure entre les deux corps et l’écriture manuscrite du poète.

La particularité de cette exposition Philippe Jaccottet et les peintres, outre les qualités intrinsèques des œuvres, est de rendre concret et visible le paysage de ses amitiés entrelacées. Est donnée à voir une forme visible de consentement de l’artiste à se faire humble devant la lumière du monde. Et cette orientation, cette discipline de rigueur attentive constitue le lien le plus profond entre les œuvres présentées. Une communion avec l’univers à travers ses saisons.

Louons la présentation simple et juste, qui donne une image sensible de toute une vie d’un regard attentif. Il est très heureux qu’après la publication récente du livre de Sébastien Labrusse, une telle halte de fraîcheur et de lumière ait été offerte aux voyageurs de l’été.

Marie Alloy et Jean Pierre Vidal, 21 juillet 2012. 

Pour lire l’article complet, consulter le site d’Alain Paire :
Deux visiteurs

Françoise Matthey dans l’île

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Devant les vagues qui trouvent leur voie

non dans l’effort

mais dans l’absence d’effort

je comprends

l’illusion 

de mes luttes

Ce beau poème figure dans le recueil de Françoise Matthey Avec la connivences des embruns publié en 2016 par les excellentes éditions Empreintes (CP 6, CH-1022 Chavannes-près-Renens). Créées en 1984 par le regretté François Rossel (1955-2015) , ces éditions ont publié principalement des auteurs suisses de langue française ( Alexandre Voisard, Vahé Godel, François Debluë, José-Flore Tappy, Sylviane Dupuis, Pierre Chappuis), mais aussi des poètes français en fort dialogue avec la poésie romande (Judith Chavanne ou Pierre Voélin). Cette maison accorde le plus grand soin à la typographie et à la présentation des ouvrages publiés.

Doris Jakubec présente ainsi l’ouvrage :
« Une île, c’est un concentré de beauté terrestre dans l’immensité marine, sous l’amplitude du ciel ; toujours en train de parfaire sa beauté par le moins : les vents l’aiguisent, la mer avec ressac et marée la tient dans la rigueur de son mouvement perpétuel, le soleil met tout en lumière, failles et fissures comprises, les rochers millénaires se taillent sans cesse, selon une vaste dramaturgie cosmique. Son aura, elle, est légère, faite de sel, d’écume, d’embruns, de cris d’oiseaux.
La poésie, à l’image de l’île, est décantation, ascèse, chemin vers la nudité de l’être, en quête de l’essentiel du vivre et du mourir. D’où, dans les poèmes de Françoise Matthey, ces élans vers le bref, le peu, le moins : elle dit les perceptions au plus juste, au plus sobre, elle efface le je pour mieux interroger le monde, elle capte les ruptures et les harmonies, elle se plie au souffle et au rythme des vents, de l’eau. Ce faisant, elle découvre la mesure humaine, le temps suspendu, « l’irruption de la joie singulière ». »

Dans la promesse forte et ténue qu’est l’île, comme le poème, dans l’abandon aux éléments qui n’est pas perte mais dépouillement, c’est la nudité du présent qui est atteinte, c’est aux moments de la dictée des sens que l’approche de Françoise Matthey nous touche le plus fortement :

              Mes hanches tiendront parole

Si l’immensité égare, la contemplation des limites infiniment ouvertes de l’île ouvre à une sagesse qui est poésie et accord, car ce qui compte c’est bien, « ajustée au vivant », de

              Laisser naître l’aurore 

Le vent qui souffle est ici parfois porteur de l’amertume salubre de l’Ecclésiaste :

J’ai affronté les convulsions des cieux
cherché dans les coquillages échoués
la cendre syllabaire

Je n’ai vu que buée
au coeur vertigineux des songes

que vanité
dans mes jeux
mes désirs

Mais le poète femme sait recevoir et dire la vision de vie :

Vêtue d’enfants
une femme sur la grève

un bleu de houle tiède
où le monde a lieu


Françoise Matthey, originaire de France, est née à Strasbourg et vit, loin de la mer, dans le Jura bernois. Elle est l’auteur de plusieurs livres de poésie (Moins avec les mains qu’avec le ciel, 2003) et de récits (Le Transparent, 2013). Elle reçoit en 2001 le Prix Schiller, le plus ancien prix littéraire suisse, pour son poème à la mémoire d’une amie disparue, Comme Ophélie prenait dans l’eau sa force.

Editions de l’Aire

Editions Empreintes

Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne

 

Anne Perrier 1922-2017

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Anne Perrier, née à Lausanne le 16 juin 1922, est morte le 16 janvier 2017. Son oeuvre poétique est recueillie par les éditions L’Escampette en 2008.

Dans La Nouvelle Revue de Lausanne du 26 décembre 1967, quotidien auquel il collabora régulièrement de 1950 à 1970, Philippe Jaccottet écrit :

«Faut-il s’excuser de montrer des beautés de langage dans une poésie qui précisément ne les cherche pas, et qui n’est, intérieurement, qu’effusion de l’âme? Mais quoi? Si Anne Perrier n’avait ce don, toujours plus sûr, de choisir les images et les mots essentiels, d’associer les sonorité les plus persuasives, de rompre ou de presser le rythme, de s’arrêter au meilleur moment, elle pourrait être une sainte, elle ne serait pas poète, et l’élévation de son expérience nous resterait inconnue, ou nous serait communiquée par d’autres voies. Cela reste indéniable, même si, ce que je suppose, le travail d’Anne Perrier sur les mots ne ressemble pas du tout à celui de Mallarmé ou de Valéry, mais se fait «en dormant», c’est-à-dire dans le recueillement silencieux de l’être autour d’un seul désir et de quelques images.»

Note reprise in Ecrits pour papier journal Chroniques 1951-1970, Gallimard, 1994, p. 263.

Jean Starobinski : «Pourquoi le public d’Anne Perrier ne cesse-t-il d’augmenter? Il suffit de lire, en donnant son attention. Cette poésie aiguë, sobre et limpide, occupe désormais une place distincte – très haut située – dans l’ensemble de ce qui paraît actuellement en langue française.»

José-Flore Tappy : «Proche des poètes mystiques mais aussi d’Emily Dickinson, dont elle aurait l’audace et la légèreté, la poésie d’Anne Perrier est tout entière tournée vers une écoute lucide du monde. Elle dit l’envol, toujours recommencé, qui va de l’«ombre humaine» à l’étincellement des oiseaux.»

un film

Notes sur Judith

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valentin-de-boulogne-judith-et-holopherne-v-1626-huile-sur-toile-106-x-141-cm-la-valette-national-museum-of-fine-arts« Le tranchant de mon amour pour toi me fait perdre la tête et c’est parfait ; si on s’inquiétait pour sa tête, on n’irait plus nulle part.

La plume est le plus bas degré de ce qui existe. Ne vois-tu pas que la plume n’a pas accès à la pureté avant que sa tête ait été taillée ? »

Echantillon de calligraphie, Iran, XVI-XVIIIe siècle (Vever Collection, Simthsonian, 86.0344), cité par Denis Hollier, « A l’en-tête d’Holopherne », in Les Dépossédés (Bataille, Caillois, Leiris, Malraux, Sartre), Ed. de Minuit, 1993, p. 139.

Peinture de Valentin de Boulogne (1591-1632), Judith et Holopherne (vers 1626), La Valette, Musée National des Beaux-Arts.

Si, comme le pense Denis Hollier, Michel Leiris s’identifie à Holopherne décapité, ne peut-on croire que Valentin lui aussi se montre sacrifié par la femme vierge, comme Cristofano Allori avait prêté ses traits à Holopherne et ceux de sa maîtresse à Judith, et comme Le Caravage se représentait en Goliath vaincu?

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Valentin, dans toute son oeuvre, se montre insatisfait du peu de justice que le mâle accorde à la femme, et affirme la volonté d’une sorte de revanche improbable mais possible. Regret, repentir, remords d’une faute masculine jamais avouée, toujours voilée mais jamais effacée, même par le bain fatal dans une fontaine de Rome ?

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